Je vous faisais part d’un sentiment de ras-le-bol d’être une cible de mépris permanente au quotidien du fait de mon métier, juste de mon métier… Je suis une nantie-conasse-privilégiée-feignasse-corporatiste-pas-réformable-incompétente-qui-ferait mieux-de-bouger-son-gros-c**-comme-les-autres-honnêtes-travailleurs-qui-eux-l’ont-difficile-pour-de-vrai (oui, c’est un seul mot)… Voilà… Bon, je ne vais pas répondre, je respire un bon coup, et j’y retourne…
Il y a aussi les petits bonheurs, heureusement… En ce moment, avec les enfants, je multiplie les petits ateliers scientifiques et j’adore voir leurs yeux s’émerveiller devant des choses toutes simples (ou presque)… faire un mélange réfrigérant, fabriquer un mini voilier qui-ne-chavire-pas-grâce-à-la-quille-eh-eh-voilà-l’astuce, filtrer de l’eau sale, transvaser de l’air (faire des bulles,trop rigolo, quoi)…
Lors de la dernière séance (non, on ne chante pas), on a expliqué, verbalisé, reformulé, anticipé : que se passera-t-il si on presse la bouteille pleine d’air alors qu’on lui a mis un ballon de baudruche sur l’ouverture ? Bin j’étais ravie, ils ont su me le dire, ils ont compris !!!
Mais devant la vérification empirique, pas moyen de leur retirer le mot magie de la bouche… PAS MOYEN…
« Mais si maîtresse, t’es maîtresse, et pi t’es magicienne aussi… »
Bon, c’est énervant, mais c’est mignon, j’avoue…
Demain, je leur montre que l’air est pesant, ça va être chouette… (On va claquer des ballons, cette fois, si c’est pas la classe, ma classe…)
Et cet aprèm’, on va pouvoir chanter « Je veux un bonhommeuh de neigeuhhh ! »… iiihaaaa !!


4 comments on Comment ça marche : tour de magie expliqué à mes élèves
doucebarbare
J’adore!!
Je suis désolée je fais partie de ceux qui râle sur les instits. Oh pas parce que je pense que leur boulot c’est de la merde, c’est trop facile (ben ouais c’est connu, 30 moustique à gérer tout le monde le fait les doigts dans le nez), y a pas besoin de réfléchir (facile d’apprendre aux enfants des maths sans qu’ils se mettent à détester l’école)… J’ai juste du mal avec le système qui fait que l’enfant si il sort légèrement du moule il est mis à coté et devient limite le paria de la classe.
mais c’est vrai que ce n’est pas juste et quand je te lis je me dis que je suis une cruche de résumer comme ça dans ma tête. Il y a des instits géniaux et en fait heureusement qu’ils sont là.
May (author)
Oah, merci pour ce commentaire qui me touche vraiment… C’est une réalité, l’enfant qui ne fait pas partie du moule est difficile à intégrer… Celui qui vit dans la misère est rejeté, celui qui est non francophone a du mal à échanger, celui qui est à la traîne peut être méprisé, celui qui est dans une chaise pleure quand les copains, eux, jouent au foot… Une micro société aussi terrible que la grande et dans laquelle on est parfois (trop souvent, oui) démuni… Mais promis, s’il y a des instit’ à la con qui font hélas la réputation des autres et qui méritent des baffes… La plupart des instit’ se battent contre ça… et on a des intégrations qui se passent comme dans la pub de recrutement poisseuse d’enseignants, des petits qui font naître des élans de solidarité formidables, on sort toutes nos cartouches de différenciation pour répondre à leurs besoins pédagogiques spécifiques dès qu’on le peut… Dans ma classe, il est interdit de laisser un enfant seul, et ça marche bien… On respecte la volonté de l’enfant qui veut rester seul, mais c’est très rare…
Et sinon, il m’arrive aussi, et je connais des collègues qui le font ou l’ont fait, de « prendre » un ou deux élèves, voire un ou deux parents, en dehors du cadre de l’école, sans rémunération, en plus, pour les aider, pour leur apprendre à lire ou à compter… pour leur donner un coup de pouce là où on sait qu’il y en a besoin… Mais c’est vrai, le moule est bien là… On essaie de passer au silicone et à la cuisine créative avec acharnement, pour une grande majorité, je l’affirme…
Et il y a aussi des parents partenaires extras qui font partie des petits bonheurs du métier… C’est moins drôle à dessiner, mais ils sont bien là ! ;p
Flore d'éco-créateurs
Ahahah je connais bien ça, c’est pareil pour les graphistes webdesigner freelance. On pense toujours que faire un logo ça prend juste le temps de la réalisation finale donc genre 3-4h… On pense aussi qu’un site ça se fait en quelques clics (oui ça peut se faire en quelque clics mais ça ne sera pas du sur-mesure car là ça prend plus un mois selon les besoins du client), et puis surtout on pense que je me la coule douce parce que je suis chez moi ^^ Bref je compatis !
May (author)
Ah, tu ne te la coules pas douce ? ( Je sors… ;p )